Conférence littéraire du 11 janvier 2019
Le 11 janvier 2019, Philippe Berthier, professeur émérite à la Sorbonne Nouvelle et Stendhalien de renom, a donné une conférence intitulée « Amour et politique dans La Chartreuse de Parme » dans le cadre de la préparation de l’épreuve de français-philosophie.
Après avoir commenté l’incipit « triomphallique » célébrant la rencontre de la virile armée napoléonienne et de l’Italie endormie sous le joug autrichien, M. Berthier s’est intéressé à la cour de Parme. Les temps épiques sont révolus, la politique sombre dans la médiocrité grotesque et tragique d’une principauté gouvernée par un roitelet qui se rêve en Louis XIV. L’amour véritable, relégué dans la sphère privée, se déploie alors à l’abri du monde et de ses calculs mesquins, dans les hauteurs de la Tour Farnèse. C’est dans cette prison que Fabrice cesse d’être le Don Juan superficiel du début du roman pour s’approfondir et se transformer. La relation qu’il développe avec Clélia hérite à bien des égards de l’amour courtois : elle s’exalte dans la distance et l’inaccessibilité de la Dame, invente son langage et ce faisant (ré)invente le langage. M. Berthier a terminé son intervention en interrogeant le personnage du comte Mosca : le puissant ministre de Parme, qui a combattu aux côtés de Napoléon en 1812, semble aimer trop la politique pour aimer assez. Sa survie à la fin du roman ressemble dès lors à un châtiment.
L’exposé fut suivi d’un moment d’échange avec la salle. M. Berthier a répondu avec générosité et précision aux questions variées des étudiants.